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Conversation téléphonique avec Richard

Pronto ! dit-il à l'italienne par snobisme et pour surprendre son interlocuteur.

– Jérôme, c'est Richard, comment va ?

– Ça va, ça va, un peu sonné mais ça va.

– Oui j'imagine, c'est dingue qu'ils t'ont viré avec les autres, j'arrive pas à comprendre.

– Affirmatif, il doit y avoir quelques raisons obscures pour qu'ils soient en arrivés là, mais tu sais, je n'étais pas très bien vu par certains et ils n'ont donc pas raté l'occasion de se débarrasser d'un trouble fête.

– Tu penses à qui ?  interroge Richard.

– Bah ! tu sais bien, la bande à Tintine.

Tintine était le surnom, plus court qu'Alexey Ivanovitch Kotchenko, un citoyen anglais d'origine russe qui avait cette froideur de chef de bande, une assurance dans l'action et un réseau de fidèles qui lui permettait de mener des intrigues sophistiquées dont l'éviction de Jérôme n'était somme toute qu'un jeu d'enfant.

– Ha oui Tintine !  il n'a pas perdu de temps, Jean-Thomas est aussi passé à la trappe.

– Ça ne m'étonne pas, encore un qui pensait trop aux conséquences sociales des décisions prises.

– Qu'est ce que tu vas faire ?

– Je vais faire la manche dans le métro, dit-il en riant.

– Tu auras du succès avec ton manteau en cachemire sur ton costar en alpaga !

 mendier un travail

– Plus sérieusement, je dois trouver une solution car les allocations de chômage ne couvrent pas mes frais fixes. Je dois m'y inscrire pour garder une couverture sociale, mais mes allocations plafonnées ne pourront pas tenir la longueur des dépenses courantes. On cotise selon nos hauts revenus, mais de retour en bas, on n'en retouche qu'une infime partie.
Il y a bien mon indemnité de licenciement, mais je crains qu'elle va fondre très rapidement, surtout qu'il serait débile de bouffer ce capital, alors qu'on connait les mécanismes pour le rentabiliser.

– Et tu comptes le placer où, avec la crise actuelle ?

– Je ne sais pas encore, mais j'y réfléchis parmi les milles pensées qui m'assaillent.

– Oui je comprends. tu pourrais trader pour ton propre compte avec ce capital, mais prudemment.

– Tu sais bien que « le meilleur moment pour investir, c'est quand il y a du sang dans les rues ».

– Oui mais il faudra éviter le secteur financier pendant quelques temps encore.

– Affirmatif, mais il y a assez d'autres secteurs solides qui sont des opportunités pour l'instant.

Of course, et tu cherches un job ?

– Retrouver un poste dans la finance après la série de licenciements dans le secteur... ça ne va pas être facile ! et ceux qui me connaissent ne voudront pas d'un type dont on ne sait pas très bien pourquoi on l'a jeté ... ou qu'on le sache trop bien.

– Tu pourrais aussi te mettre à ton compte, comme consultant ...

– Monter une boîte en ce moment, c'est pas évident. Je ne sais pas ce que je vais faire mon vieux, mais je survivrai.

– Et qu'est-ce qu'en dit Béatrice ?  ajouta Richard après un silence.

– Elle a pleuré, ça m'a surpris !  Tu la connais, ce n'est pas son genre.

– Ha bon, et comment elle prend la chose ?

– Avec les doigts. dit Jérôme avec un rire nerveux.

– Connard !  c'est pas ce que je veux dire.

– C'était bizarre, coupe Jérôme, j'ai l'impression qu'elle pleurait plus sur elle-même que pour moi et elle s'est dérobée quand j'ai voulu la réconforter. C'est une drôle de femme, mais je crains que je sois aussi viré de son coeur.

– Tu crois ?

– Elle n'aime pas les perdants, j'ai senti qu'elle prenait déjà ses distances.

– Et bien merci, c'est beau l'amour ! s'esclaffe Richard.

– Oh tu sais, l'amour d'une femme... mais elle ne m'a pas réclamé les clés de son appart', il y a donc de l'espoir, mais il faut que je rebondisse.

– Je te le souhaite, et de toute façon si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles !  OK ?

– Merci vieux, je crois que ça ira. Mais on connait la suite : on peut compter sur très peu de gens quand on en a vraiment besoin.

– En tout cas tu peux compter sur moi !  Salut KA à plus.

– Oui merci PI, ciao.


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