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Richard PI à Bruxelles

La réception de l'hôtel téléphona à Mme Longhi pour annoncer l'arrivée de M. Richard Pirrare. Jérôme descendit pour l'accueillir et aussi régler les modalités de la réservation de sa chambre. Ils se firent une chaleureuse accolade tandis que le réceptionniste achevait d'enregistrer Richard ; il reprit possession de son passeport et de sa credit card. Voyant cela, Jérôme avertit que la note devait être mise sur la chambre de Madame Longhi et fit un geste à Richard pour le dissuader de protester. Le réceptionniste opéra les quelques ajustements nécessaires via son écran.

— C'est pour nous, affirma Jérôme, tu comprendras quand je t'aurai tout expliqué.

Richard acquiesça avec un sourire interrogateur... Un groom s'empara du bagage et guida Richard à sa chambre en compagnie de Jérôme tout joyeux de la présence de son ami.
Pendant que Richard s'installait, Jérôme le questionna sur le voyage. Richard avait pris l'Eurostar.

 Eurostar

— Oui, le voyage s'est très bien passé. J'étais en face d'une jolie dame, très élégante. Nos regards se sont croisés et elle a rendu un très léger sourire au mien. Au moment où elle a cessé de tapoter sur sa tablette et s'est étirée sur le siège avec une moue de lassitude, j'ai osé un « Fin de semaine fatigante ? » Elle a ri doucement et du tac au tac elle me rétorqua :
« J'vous raconte pas ! Tous les jours de la semaine il faut résoudre des problèmes, c'est sans fin. »

Un peu surpris par cette franche déclaration, je lui demande « Des problèmes professionnels ou personnels ? » à laquelle elle répond « Un peu des deux, mais principalement professionnels. » et j'enchaîne « Rien de grave j'espère... dans quel domaine travaillez vous ?  sans indiscrétion of course » Elle rit encore, se pencha et me confia à mi-voix comme s'il s'agissait d'un secret « Dans le fret maritime ; J'vous raconte pas ! » auquel je réagis « Ah oui, il y a de quoi se prendre la tête ! » et elle : « Et vous, vous faites quoi ? » ; moi « Dans la finance » ; elle « Ah bon, c'est sans doute aussi compliqué ! » ; là je lui replace le « J'vous raconte pas ! » et on éclate de rire, et cætera... tu vois le topo. Enfin bref, on a sympathisé et on devrait se revoir bientôt ...
Elle sera à Bruxelles quelques temps et on s'est échangé nos business cards.

— Et bien tu ne perds pas de temps ! Et comment se nomme cette charmante personne ?

— Anna, Anna Kauffmann... Mais toi non plus tu n'as pas perdu du temps, si j'ai bien compris. Raconte qu'est-ce qui s'est passé. Et tu as collecté combien exactement ?

— Tu te souviens que Teresa m'a emmené à Venise pour rencontrer son père Luchino Longhi. Je t'en ai fait rapport. C'est un homme singulier, un rien aristocrate qui méprise le bourgeois. Il n'aime pas trop les banquiers, ce n'était donc pas gagné d'aborder un tel sujet financier. Teresa, familière de son humeur, l'amadoua pour le rendre plus réceptif. J'ai résumé l'idée d'une nouvelle et autre banque, mais il ne voulait pas en discuter plus ce premier soir et reporta au lendemain l'examen du projet. Bref, on a profité du diner pour faire plus ample connaissance. C'est quelqu'un de très intéressant, une belle personne.
Le lendemain, après une balade dans le Dorsoduro avec Teresa, j'ai pu lui exposer l'ensemble du projet en lui fournissant les explications que tu connais.

Jérôme poursuivit en complétant de détails ce qu'il lui avait déjà dit par téléphone.

— Donc en fin de compte, Luchino Longhi investit 30 millions d'euros dans le hedge fund, il donne 20 millions d'euros à sa fille unique Teresa Avila Longhi et il me confie 10 millions d'euros dont il s'attend au remboursement dans 5 ans avec un bonus de 100 %.

— 100 % ! C'est pas un peu exagéré, ça fait du 20 % par an ! On n'est pas sûr d'y arriver.

— Il le faut ! Je veux honorer cet apport initial sine qua non. Au besoin, on prendra sur nos autres gains pour satisfaire au contrat avec ce diable de père.

— On peut toujours essayer. Sinon il suffit d'expliquer les raisons pourquoi l'objectif n'a pas été atteint dans les délais ...  Mais si tu me présentais ta riche compagne dotée de 20 millions.

Jérôme gagna sa chambre avec Richard.

— Tu vois, on n'est pas loin ; il n'y avait pas de chambre libre directement à côté de la nôtre, mais voilà c'est ici.

Teresa Avila accueillit Richard avec chaleur et lui tendit la main, la paume vers le bas, l'invitant au baise-main « à la française ». Il s'inclina et effleura la peau du bout des lèvres ; elle rit ; ils rirent aussi tous ensemble.

Allora voici le fameux PI qui va démultiplier notre capital ...

— Autant que possible Madame.

— Oh là ! Appelez moi Teresa ; et puis on se tutoie, non !?

— Volontiers Madame. Et de rire encore.

Allora tu as fait bon voyage ? Pas trop fatigué ? La réunion nous attend, on y déjeunera, avez-vous faim, euh as-tu faim ?

— Oui, le train n'est pas vraiment fatiguant ; je suis fin prêt et je ne dis pas non à une collation.

— Et Richard y a fait une belle rencontre ; une femme d'affaires, un peu comme toi, isn't it !

— Ah bon ! Va-t-elle se joindre à nous ?

— Je n'en sais rien ; nous n'avons pas parlé de ça, juste une conversation pour passer le temps ; « J'vous raconte pas ! ». Jérôme et Richard s'esclaffent, sous le regard interloqué de Teresa.

— Je t'expliquerai, c'est une expression qu'elle employait à tout bout de champ et Richard s'amuse désormais à l'employer.

— Ah d'accord ! Mais venez les garçons, allons déjeuner. Tosca, mon amie, doit nous rejoindre, je lui ai laissé un message à la réception.

Note : les parties de texte soulignées sont des liens vers une autre page.

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